Georges Huard : le fondateur de Jouef
Née en 1944 d’abord sous le nom de la société « Le Jouet Français » créée par Georges Huard, Jouef est le nom d’une entreprise modeste de vente de jouets simplifiés, dans la France de l’après guerre, et qui devient une PME mondialement connue, employant au fait de sa gloire plus de 1500 personnes dans plusieurs unités de fabrication.
Jouef, c’est d’abord l’oeuvre d’un capitaine d’industrie avisé, Georges Huard, qui vends une entreprise performante au meilleurs moment, qui invente une marque française qui aujourd’hui après plus de 70 ans, lui a survécue, et bénéficie d’une incroyable notoriété. Et pourtant, hormis l’ouvrage de références de Clive Lamming sur Jouef [3], qui offre quelques anecdotes sur le personnage, il existe très peu d’informations sur Georges Huard, et encore moins de photographies. Rares sont les marques aussi fortes, associées à un fondateur aussi charismatique, qui bénéficient d’une aussi faible documentation.
Faute d’information, il n’est donc pas aisé de dresser le portrait de cet entrepreneur qui aura marqué l’industrie du jouet et l’économie du Jura pendant une trentaine d’années. De lui, il est très peu connu sur sa vie privée et son enfance, tout juste sait on qu’il a un fils, Pierre Huard. Parisien[1] originaire de Franche Compté [5],
Georges Huard naît en 1906. Vingt cinq ans plus tard, c’est un entrepreneur qui signe en 1931 un contrat d’agent commercial pour vendre des articles de boissellerie produits autour de Champagnole, par l’entreprise qui deviendra plus tard JeuJura.
En 1958, le contrat entre Georges Huard et Jeujura détenu par Bernard Liegeon sera rompu. Mais bien qu’étant parisien, Georges Huard possède alors une bonne connaissance du marché du jouet et du milieu jurassien. Il peut donc créer en 1944 la firme « Le Jouet Français », et utiliser comme tant d’autres après guerre, la main d’œuvre rurale de Champagnole, où il a désormais ses réseaux, pour produite vite et à bas coût.
En plus de ses capacités d’entrepreneur, Georges Huard est aussi un passionné de technologie et de processus industriels : on le voit avec les nombreux brevets qu’il déposera dès les années 40. Sa première demande de brevet pour une voie ferrée pour jouet – brevet numéro 988 894 – bien qu’acceptée en 1953 est en réalité officiellement déposé en Janvier 44, ce qui sous entend que dès 1943, pendant l’occupation, Georges Huard prévoit de travailler dans le modélisme ferroviaire, après guerre. Si la date de création de Jouef est incertaine, on sait grâce à ces brevets que, pendant la seconde guerre mondiale et en France occupée, alors domicilié dans le département de la Seine, Georges Huard prépare se qui sera Jouef.
Avant 1949, apparaît un premier autorail Transsaharien « Alger-Tombouctou », en tôle lithographiée à l’échelle HO. Jouef commercialisera également des articles ménagers en plastique. II existe aussi une production de jouets de bazar qui comprend des voitures, des canots en tôle et des jeux de chevaux.
Sa capacité industrielle et ses réseaux dans le Jura sont un atout : Jouef se sert alors du savoir-faire régional pour la fabrication des trains électriques avec, le bobinage de moteurs électriques à Champagnole, les pièces plastique injectées; à partir de moules réalisés sur Oyonnax, la décoration des locomotives à Foncine et l’injection de zamac par des sous-traitants lyonnais.
Une personnalité haute en couleur
De Georges Huard, on sait qu’il est un dirigeant rigoureux et qui assure la destinée de son entreprise d’une main ferme. Ainsi l’anecdote décrivant son bureau, marqué à l’entrée d’un feu bicolore associé à une sonnette indiquant l’autorisation (vert) ou non (rouge) de frapper pour entrer [3]. C’est néanmoins un chef d’entreprise paternaliste à l’ancienne, qui demande à la Générale Occidentale alors dirigée par Gilberte Beau, lorsqu’il vend son entreprise en pleine phase de prospérité, à ce qu’aucun licenciement n’ait lieu.
Les témoignages les plus intéressants sur sa personnalité se trouvent dans l’ouvrage de l’association des anciens salariés de Jouef Champagnole, Jouef 39 [7], par la voix de Paul Trouvé, autre personnage clef de Jouef et inventeur du Jouef Matic, système électronique de télécommande de modèles réduits incroyablement en avance sur son temps :
Pour parler de G.Huard, c’était un homme qui en imposait, presque despote, et très soucieux des bilans de production. Si les gens ne l’affrontaient pas, il les abaissaient. Il pouvait par contre être très umain et vous aider dans vos soucis personnels. Il était très respecté.
Georges Huard cède Jouef en 1972, au milieu de l’age d’or des trains miniatures. et assiste – très affecté – de sa retraite, aux faillites et reprises successives de son entreprises [4]. Il avait pourtant pris soin lors du rachat par Léo Jahiel de son entreprise d’exiger qu’aucun licenciement de personnel n’intervienne. La promesse sera tenue … un temps.
Il disparaît en 1995 à l’age de 89 ans [2].
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[1] https://www.railwaymagazinemodelling.co.uk/blast-from-the-past-the-french-toy-company-jouef/
[2] Selon son fils dans Jouef, Marque Déposée, Clive Lamming, page 9 note de bas de page
[3] Jouef, Marque Déposée, Clive Lamming, page 35 note de bas de page
[4] Selon son fils dans Jouef, Marque Déposée, Clive Lamming, page 43 note de bas de page
[5] Selon Jouef la passion des jouets page 9
[6] Foncine Le Bas, Jouef et les Lunetteries http://jeanmichel.guyon.free.fr/monsite/histoire/foncine/jouef.htm
[7] Jouef toute une histoire, Association JOUEF-39 Champagnole